Profil

Apprendre

Apprendre à apprendre
Éducation / école
Formation des professionnels
Musée / exposition
Éducation thérapeutique
Education à la Santé
Éducation à l'environnement
et au développement durable
Démarches d’investigation
Approche de la complexité
Entreprise apprenante
Prestations
Contact
   
Nice

 

 

 

 

 

 

 

La voiture électrique, pas si écolo…

André Giordan

 

La voiture électrique ne produit pas de gaz carbonique ou de polluants, et presque pas de particules. A l’utilisation, elle se trouve être plutôt silencieuse et économique : un coût de 3 à 4 € au 100 km. Enfin la voiture électrique demande peu d’entretien. Son moteur plus simple, présente cent fois moins de pièces en rotation ; et pas de boîte de vitesse et donc pas d'huile à changer…
Un véritable atout pour la ville (1°. Beaucoup d’articles de presse ou de médias numériques en font la nouvelle merveille : la « voiture du futur » ? Défendue par certains politiques, des constructeurs se sont mis dans le coup. La « Fée électricité » devient la nouvelle référence de la performance, des technologies et du confort à bord.

Un bilan énergétique peu performant

Pourtant n’est-ce pas une fake-new ? Est-elle vraiment aussi « propre », aussi économique qu’on le laisse croire ?…  Déjà sur le plan énergétique, elle est largement dépendante en France de la production nucléaire dont le prix est sous-estimé, faute de compter les frais annexes et le démantèlement des centrales. Et les conséquences sur l’environnement sont loin d’être négligeables. La construction des centrales, la production de l’uranium n’est en aucun neutre. Environ 30% de l'uranium extrait par Areva provient du Niger, le reste du Canada ou du Kazakhstan. Le minerai doit être transporté, raffiné d’où des coûts énergétiques en sus, et de nouvelles pollutions, d’eau principalement. Tout cela à quel prix ? Les populations proches des mines sont exposées à la radioactivité par les poussières radioactives et le gaz radon.
En Allemagne,  l’énergie électrique résulte en grandes parties des  centrales à charbon. Si les risques en matière de catastrophe sont moins graves, ces dernières interviennent largement sur l’effet de serre par leur dégagement important de méthane et de gaz carbonique. Elles sont source de pollution atmosphérique par des productions de poussières, de nitrate (NOx),  et de sulfates (SO2). Dans les deux cas, la construction et l’entretien de ces centrales sont également énergivores et les émissions de CO2 ne sont pas négligeables. Sans oublier qu’il faut traiter leurs déchets.
C’est surtout la fabrication de leurs batteries qui pose de gros problèmes   environnementaux. D’une part, elle est extrêmement énergivore. Les accumulateurs comptent pour moitié dans les besoins énergétiques liés à la fabrication de ce type de voiture. D’autre part, leur production génère indirectement de grandes quantités de gaz carbonique et est extrêmement polluante. Pour ces véhicules, on utilise de plus en plus des batteries au lithium-ion. Cela accroît la pression sur ce métal. Le lithium surnommé « l’or blanc » provient  d’Amérique latine et de Chine. Sa production très gourmande en eau, met à mal les écosystèmes et la survie des populations locales dans des zones où la sécheresse est déjà problématique. En sus, ces batteries sont bourrées de métaux -nickel, cobalt, manganèse- dont le risque d’épuisement va arriver dans les décennies prochaines. Les réserves rentables de nickel par exemple sont limitées à 35 ans, voire 13 ans si un boom intervient. Les ressources en cobalt, de même, sont envisagées pour 20 à 50 ans. Ajoutons encore la nécessité de métaux que l’on nomme « terres rares », dont la Chine s’est fait une spécialité. Leur production génèrent de considérables dégâts ; ils empoisonnements les eaux, les écosystèmes et les populations à proximité des mines. Près de la ville chinoise de Baotou, « capitale mondiale des terres rares », on a constaté les ravages de ces rejets sauvages dans les nombreux villages surnommés cyniquement « villages du cancer ».
Le cobalt pose un autre problème, éthique cette fois. Les mines de cobalt sont exploitées par de petits mineurs, qui travaillent dans des conditions indignes en République du Congo. La « récolte » à laquelle participe un grand nombre d’enfants est régis par des mafias internationales. Nombre d’entre eux –enfants et adultes- sont mutilés par les effondrements des galeries et empoisonnés par les poussières de ce minerai.
Les batteries en fin de vie posent encore un problème de gestion des déchets. Leur recyclage n’est qu’à son début. À terme, une bonne partie des matériaux utilisés dans les batteries pourraient servir à en fabriquer de nouvelles, ce qui n’est pas encore le cas.

Un bilan catastrophique

Ainsi, lorsqu’une voiture électrique sort de l’usine, elle a beaucoup plus contribué à la pollution globale qu’une voiture conventionnelle. Les pollutions certes varient en fonction des modèles de voiture, mais globalement d’après nos calculs, la fabrication des véhicules électriques serait en moyenne 5 fois plus polluante que la fabrication d’un véhicule conventionnel.
En termes de dégagements de CO2 seul, un véhicule électrique doit parcourir au moins 40.000 km pour compenser le surcroît de gaz émis lors de la fabrication de la batterie. Et encore cette donnée correspond à l'hypothèse où la production de l'électricité ne génère pas l’émission d’autres gaz carboniques. C'est le cas en France, du fait du recours à l’électricité nucléaire. En Allemagne, ce point mort est beaucoup moins facile à atteindre…
Faut-il ajouter que la recharge reste une contrainte. Certes l’autonomie des voitures électriques évolue de manière spectaculaire. A la maison, sur une prise classique de 3 kW il faut compter 5 à 6 heures pour une batterie de 27 kWh ; avec une borne domestique (7 kW), la recharge prend deux fois moins de temps ; sur une borne de 24 kW dans un parkings, la charge peut s'effectuer en une heure . Actuellement le nombre de bornes reste restreint. Leur implantation va nécessiter d’autres dépenses énergétiques, en carbone et même des pollutions visuelles !

Les primes proposées par l’Etat pour faciliter l’achat de tel véhicule sont ainsi des primes à polluer… Les choix technologiques pour décarboner l'automobile sont encore à fixer. Des alternatives toutefois se profilent : favoriser les déplacement à vélo et à autres voitures à pédales, diminuer les déplacements en voiture, communautariser celles-ci. Quant au moteur, d’autres options existent comme le moteur à hydrogène.


1. Cet avantage n’est pas sans poser problème. Il peut représenter un danger pour les piétons et les cyclistes qui ne l’entendent pas arriver. Prudence donc !

2. Les superchargeurs de Tesla (120 kW) permettent une recharge de 80% en 40 minutes.